L'ivresse et les artistes

Publié le par Diaphanous

De l’art, de l’amour et de la drogue

 

Si les artistes tombent si souvent dans l’addiction, ou amour de l’enivrement, ce n’est pas un hasard ; c’est qu’ils ont, d’une part, ce cadeau, cette propension à aimer de manière exacerbée et immodérée toute chose, et, d’autre part –  et c'est là le poison– ils ont une autre propension, bien plus cruelle, puisqu’à double tranchant, celle qui consiste à aimer l’état dans lequel les met l’amour passionnel qu’ils éprouvent.

C’est  cet état, c’est l’ivresse qu’ils aiment quand ils aiment passionnément, bien plus que l'objet qu’ils aiment originellement. Voilà l’une des raisons pour lesquelles les artistes se tournent volontiers vers l’alcool et le haschich, et peinent à s’en détourner. Ils aiment l’enivrement que ces drogues procurent, évidemment, et ce bien plus que la drogue elle-même –  bien qu'ils l’idolâtrent bien souvent –.

 

De la même façon, les artistes aiment des personnes, non pour ce qu’elles sont en elles-mêmes, mais pour ce qu’elles procurent comme sentiments intenses, bienfaits uniques et sensations décuplées.
Ainsi, nous en arrivons à ce constat empreint de cynisme : l’artiste semble incapable de ressentir des sentiments « désintéressés » - pour autant que cela existe -, disons plutôt, des sentiments « en eux-mêmes ».

L’artiste, tout intéressé qu’il est par ce qui peut le transformer en être surnaturel et sublime, attend irrémédiablement la grâce, la muse, l’inspiration née de l’enivrement, et ce quelle que soit la forme que cela puisse prendre.

« Enivrez-vous » disait-il, ce poète de génie ayant goûté – et succombé – à toutes les formes d’ivresse expérimentables en son siècle…

 

Publié dans Penser ses plaies

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